CÉRAMIQUE EN CONSCIENCE
MARINA CORIOLANO-LYKOUREZOS
La terre nous veut à l’écoute. Il faut être présent, car à tout instant nos gestes peuvent déchirer ou casser l’argile encore humide ou déjà sèche.
La céramique est pour moi une activité méditative : le temps disparait et mes gestes s'harmonisent avec la terre.
DÉROULÉ DES ATELIERS
Durant ce stage, j’aimerais partager avec vous mon amour et ma fascination pour la céramique. Toucher l’argile, la manier, la travailler, la transformer et la laisser nous transporter dans une dimension magique tout en nous enracinant.
Notre premier contact avec la terre aura pour objectif de la manier sous ses différentes formes : liquide, elle glisse entre nos doigts, humide elle prend forme sous nos mains, dure elle demande un marteau pour l’émietter et la transformer en terre fine, mélangée à de l’eau, elle redevient maniable. Quelque soit sa forme, elle nous invite à jouer comme un.e enfant.
Puis nous plongerons dans la technique du pinch pot pour créer des petits objets qui seront polis et décorés si on le veut, et cuits en réduction pour noircir, une technique millénaire qui date de la Grèce antique, aussi connue comme le bucchero Etrusque. Le résultat : des pièces noires, presque vitrifiées qui relèvent d’une élégance incontournable. Elles vous accompagneront dans votre voyage du retour : témoignages de votre séjour, de cette expérience si personnelle et tout à la fois collective.
Pendant les cinq jours de notre stage, les mots seront nos guides : ils nous aideront à mettre de la conscience dans nos gestes en nommant l’expérience vécue. Ils feront parler nos mains. À chacun.e de vous de trouver votre langage entre terre et mains.
À Égine, où j’ai découvert la céramique, j’ai aussi découvert que mon enracinement est lié à la terre sur laquelle je marche et non à un pays qui est le mien. Je n’ai pas un pays comme je n’ai pas une langue. Je me sens à l’aise un peu partout et je m’exprime en idiomes différents. Le voyage intérieur que l'argile m’offre est mon chez moi.
MON APPROCHE
En 2012 j’atterri presque par hasard à Égine, une île avec une longue tradition de céramique, un monde qui s’est ouvert à moi. Je rencontre très vite la céramiste renommée Theodora Chorafas qui partage généreusement avec moi son expérience, sa sensibilité et sa passion ainsi que son atelier. Ça a été une révélation et une invitation dans la filiation de céramistes - forgerons de la terre, que j’ai acceptées avec enthousiasme.
C’est avec respect, patience et fascination que j’ai plongé dans la terre. C’est avec humilité et une approche méditative que je m’y attèle. J’ai besoin de temps pour écouter ce que la terre a à me dire, pour dialoguer avec elle en égale. Les gestes viennent, légers et décidés, libres et conscients. La terre me veut présente, à l’ecoute. Le processus m’enracine et me fascine. Mes mains, mes doigts sont la continuation de ma respiration – tout inspire et expire sont gravés dans mes petites coupes, bols ou assiettes, dans leur forme et leur décoration discrète.
Je travaille essentiellement les techniques du pinch pot, du colombin et plaque, me penchant sur la forme plus que la décoration. J’ai l’impression de me trouver au début d’un long voyage créatif de recherche intérieure, en éternelle novice, imprégnée d’un désir et besoin profonds d’exploration.
MARINA CORIOLANO-LYKOUREZOS
Moitié grecque, moitié brésilienne, Marina a grandi à Paris, Rio et Londres avant de s’installer en Grèce à l’âge de 25 ans.
Elle est passée par le monde de l'édition, la production et la traduction ; a collaboré avec des institutions culturelles et le Mois de la Photo d'Athènes avant de créer sa galerie en 2004 dans la capitale grecque.
En emménageant à Egine il y a dix ans, elle s’est investi, avec son compagnon, dans la production des savons naturels cool soap et s’est découverte une passion pour la céramique. Elle aspire à mettre plus de conscience dans chaque instant vécu. C’est ce qu’elle transmet lors de ses ateliers de céramique qu’elle anime chaque semaine.
En Septembre 2021, avec Théodora Chorafas et HP Coulon, elle a co-organisé le Symposium International de Céramique sur la Terre Vernissée. Leur atelier et l’Oikia Karapanou se sont alors transformés en ruche vibrionnante, comme en rend compte le magnifique documentaire d'Oliwia Tado (voir la vidéo).